À l’ère du football ultra-professionnel, chaque minute de jeu représente des millions d’euros. Alors que jadis les matchs se jouaient coûte que coûte, même sous des trombes d’eau, le "weather delay" – suspension ou report d’un match pour cause de conditions climatiques défavorables – s’impose aujourd’hui comme une norme stricte, en particulier lors de la Coupe du monde des clubs FIFA 2025, organisée aux États-Unis.
Une mesure qui peut surprendre les spectateurs non familiers avec la culture sportive américaine, mais qui répond à des impératifs de sécurité, de logistique et d’image mondiale.
Le terme désigne l’interruption temporaire ou le report d’un match en raison de conditions météorologiques jugées dangereuses : orages avec risques de foudre, vents violents, brouillard dense ou terrain impraticable. À la Coupe du monde des clubs, la FIFA applique un protocole rigoureux, inspiré notamment des règles en vigueur en Major League Soccer.
Chaque stade est équipé de systèmes de détection de foudre. En cas de danger à dans les 13km aux alentours, le match est suspendu pour au moins 30 minutes après le dernier éclair, même si la pluie continue. Ce protocole, dit "flash-to-bang", vise à prévenir tout risque de blessure grave, voire de mort par électrocution, comme cela a pu arriver dans le passé.
La sécurité est évidemment la priorité, mais les raisons sont aussi économiques et médiatiques. Un match arrêté, même brièvement, perturbe un calendrier ultra-serré, affecte la diffusion dans plus de 180 pays, retarde les engagements des sponsors et peut altérer l’expérience des 60 000 spectateurs présents.
C’est pourquoi la FIFA sélectionne des pays hôtes avec des climats stables et impose des normes drastiques en matière de drainage, de couverture des tribunes, d’éclairage d’urgence et de surveillance météo en temps réel.
Quand le jeu peut-il reprendre ?
Un match suspendu pour "weather delay" peut reprendre dans les 30 à 60 minutes, si les conditions redeviennent sûres. Sinon, il est reporté à une date ultérieure, ce qui peut désorganiser tout le tournoi. Des créneaux de secours sont prévus dès la phase de planification, mais les imprévus météorologiques restent l’un des plus grands défis de l’organisation.
L’un des exemples les plus surprenants a eu lieu lors de Palmeiras – Al Ahly, au MetLife Stadium, le 20 juin. Le match a été interrompu à la 61e minute pour "risque de foudre"… alors que le soleil brillait au-dessus du stade, et qu’aucun orage ne s’est finalement manifesté. Les 62 000 spectateurs ont été évacués, provoquant l’incompréhension générale.
Une situation qui montre que la prévention prime sur le ressenti immédiat, quitte à interrompre une rencontre sans qu’aucune goutte de pluie ne tombe sur le terrain.
Pour éviter les interruptions, la FIFA a mis en place une panoplie technologique avancée : capteurs de saturation dans la pelouse, systèmes de chauffage souterrain pour éviter le gel, radars météo longue portée, plans B d’horaires pour toutes les rencontres. Mais même avec toute cette préparation, la nature reste imprévisible.
Le weather delay n’est donc pas une faiblesse d’organisation, mais une preuve de responsabilité face aux enjeux modernes du sport : protéger les joueurs, garantir la qualité du jeu et assurer un spectacle mondial sans accroc.